Personne morale et association de fait
Pour un juriste, le concept de « personne morale » ne soulève aucune interrogation. Pourtant, de façon constante, lorsque nous donnons des formations concernant l’utilisation du CRM du BAC, dès qu’apparait la case à cocher « personne morale » sur la fiche des membres, des fournisseurs ou des clients, surgit la question : « c’est quoi une personne morale ».
Il était peut-être temps d’enfoncer des portes ouvertes concernant cette notion et d’en dire un peu plus concernant les associations de fait (à ce propos, une commune bruxelloise, dans son formulaire d’appel à projets à fait suivre la question « Etes-vous une ASBL ? » par « Etes-vous une association de fait ? », suscitant bien des interrogations).
De façon fort simple, les personnes se divisent en droit entre personnes physiques (vous et moi…la seule condition légale pour être une personne physique étant d’être vivant et viable. Les morts cessent donc d’être des personnes physiques sur le plan légal) et les personnes morales.
Une personne morale est une entité constituée par des personnes physiques (ou d’autres personnes morales) qui disposent d’une personnalité juridique distincte de ces membres. Pour faire simple, une personne morale, c’est une société, une association, une fondation….
Une personne morale peut être créée à l’initiative de personnes physiques, de personnes morales ou d’un mix des deux (et dans un cas extrême, dans le cadre des sociétés unipersonnelles, par une seule personne physique).
Une personne morale peut être de droit public ou de droit privé. Une personne morale de droit public est une collectivité publique…c’est l’Etat fédéral, les Régions et Communautés, les provinces, les communes, les CPAS….
Une personne morale de droit privé, c’est tous les autres…votre ASBL y compris.
L’association de fait, qui porte assez mal son nom, n’a pas de personnalité juridique. Elle est un groupement de plusieurs personnes qui, en commun accord, réalise un projet dans un but désintéressé. Les associations de fait peuvent aller de l’association de parents au sein d’une école (pour autant qu’elle ne se soit pas constituée en ASBL, au club de lecture réunissant quelques passionnés, en passant par les syndicats).
L’association de fait a très clairement un avantage évident. Sa facilité de création. Il n’existe aucun formalisme. Certaines associations de fait fixent leurs règles de fonctionnement à travers un règlement d’ordre intérieur, mais rien ne les y oblige.
L’association de fait a surtout de nombreux désavantages :
- Les membres sont personnellement responsables des dettes et engagement de l’association. Les membres agissent en leur nom et non au nom d’une association dépourvue de personnalité.
- L’association de fait ne peut souscrire aucun engagement en son nom propre.
- Dans le cadre d’appel à projets, les associations de fait sont considérées comme des personnes physiques. En règle générale, les appels à projets, quant ils sont accessibles à des ASBL et à des personnes physiques, accordent un montant moindre aux personnes physiques.
Nous sommes souvent contactés par des personnes qui hésitent à se constituer en ASBL au motif que la création est compliquée et la gestion complexe. Il n’en est rien. La rédaction de statuts est loin d’être insurmontable et la gestion administrative est bien plus simple qu’il n’y paraît…du moins avec les services du BAC.